dimanche 21 octobre 2012

Marathon de Berlin par Pixie


BERLIN
Dimanche matin 9h10 , grand soleil automnal, 10 degrés, Strasse des 17. Juni

Jour J, attendu depuis l'inscription il y a un an. Je suis placée dans la seconde vague de
départ, dans le sas 3h50.
Recommandations de l'entraîneur : suivre le ballon 4h , et ne pas regarder le gps mais
les temps de passage et UNIQUEMENT les temps de passage. Je sais mieux que lui,
il n en est pas question ! Ce sera gps à allure 5min 36 et toute seule sans ballon , non mais !

Le coup d'envoi est donné... 9999 Luftballons bleus s'envolent dans le ciel...c'est beau...
c'est le début...au secours, on y va !
C'est parti pour 4 heures de bonheur hum hum. Je suis rapidement à ma vitesse de
croisière, 5min 36 au km.
Dès le km 2 les données gps et le chrono ne correspondent pas...je m'y attendais,
c'était ma peur du gap spatiotemporel... mais pas aussi vite , zut. Ok, j'accélère !

KM 5 :28 minutes pile poil, c'est bon !
J'enlève mon pull et commence à rentrer dans la course. Il fait beau, les berlinois sont
au rendez-vous, l'ambiance est extra. Avenues larges, cloches, cris.
Les églises sonnent ( je ne sais pas si c'est pour nous ou la messe...mais je me dis que
 c'est pour nous, elles ne sonnent pas le glas quand même ...)
KM 8 on passe côté de la chancellerie, on revoit le Reichstag, c'est à côté qu'on finira
dans quelques heures. C'est beau, vite vite qu'on y retourne !
1/5ème du marathon est bouclé, ce sera encore long.

Je cours je cours, passe les 10 km en 56 min06, pile poil,je suis contente, et
tout d'un coup, que vois-je ? Le ballon 4 h devant moi ! Mais qu'est ce qu'il fait là, il est
parti dans le sas après moi ! Horreur !Le meneur court supervite, 5'32 d'après mon gps.
 Je sens une immense colère monter en moi. Au bout d'un moment je m'approche de lui
 et lui demande ses temps...il est parti 1min 45 avant moi, donc c'est bon, je ne suis pas
 en retard. Par contre je me dis p.... de gps, décidément !

A partir de maintenant je sillonne autour du ballon, parfois devant, parfois derrière.
Je laisse également tomber le gps, la seule chose que je regarde est le temps au km.
Finalement...euh...c'est ce qu'on m'avait dit dès le début, p.... d'entraîneur...
Les ravitos défilent, à chaque fois je prends un gobelet d'eau, c'est tout.
A partir du Km 15 je prends de temps en temps un sucre (5 en tout, rien de plus valdes).


Au niveau ambiance c'est top : Il y a des groupes de rock, des tam tam...
un indien à coiffe chante un chant indien..,
Tout autant à NY il fait bon être français, à Berlin il faut être danois pour être encouragé !
 6000 participants et des supporters à n'en plus finir, des drapeaux danois partout.
 Ca ne me gène pas, je suis tranquille, je ne suis pas danoise dieu merci, au moins
on ne me hurle pas dessus !

Le semi arrive, je le passe avec 37 secondes de retard, 1h58 : 37 c'est bon,
ça me va le deal est de boucler en moins de 4 !

Le ballon 4h est un coup devant, un coup derrière, c'est cool aussi, au moins je n'ai pas
 à réfléchir.
Les jambes tournent, je regarde l'heure qui défile, le ballon me dépasse...
Achim sera au 36ème, merde, il faut au moins que j'arrive jusque là, si déjà on vient me
voir passer !

Je commence à en avoir marre, j'aimerai prendre le métro pour m'avancer...
combien de fois je me suis dit ça

Hop, un sucre pour me donner du courage. Le 30ème km approche 2h49:11
j'ai plus d'une minute de retard, mais ça le fait toujours pour les moins de 4h...

C'est entre le 32 et le 42 que tout se joue, Serge92 le dit toujours.
C'est là où on fait n'importe quoi : manger les trucs les plus fous aux ravitos, accélérer
pendant 10 secondes pour marcher pendant 1 minute, bref, on ne sait plus où on en est
 on a les pensées les plus folles.
Je me dis : tranquille Pixie, tu l'as déjà fait 2 fois, c'est pas le moment de paniquer,
 tu as couru 30km à la même allure , tu continues tout simplement au même pas,
c'est pas sorcier. Je pense à un échange avec riri sur le mental, ça me rassure,
ça me calme, ça me cale... Et je pense à mes amis qui m'ont dit : si tu n'y arrives pas,
 il ne faut pas pleurer...bah oui, mais si j'y arrive pas, je vais encore faire chier tout le
monde pendant un an . Est-ce que je suis prête à refaire ça ?
(La réponse évidemment est oui mais je décide de prendre sur moi pour une fois )

Une station de S Bahn est à ma portée...et si je m'arrêtais et disais que j'ai eu la
crampe du siècle ?
Oh et puis zut. NON et NON et NON !J'en ai plus que pour 1h10, c'est une petite sortie
1h10, ce n'est rien du tout

GO PIXIE  GO GO GO!

Au Km 32 un camion annonce les noms de quelques coureurs qui approchent.
Je me mets en position et BINGO :
L'animateur annonce : PIXIE DE PARIS BONNE COURSE !
Olala trop bon, C'est MOI !!!
Wouahhh c'est reparti ! Le sourire ne me quitte qu'au bout de 800m.
Et ça continue... je cours le long de la ligne....ne plus penser...courir.

Au Km 34 se trouve le grand panneau de motivation où les proches pouvaient inscrire
des encouragements en avant par internet...ça se déclenche quand on arrive à côté.
MERCI les tortues, c'était trop chouette d'être encouragé comme ça, à distance !
Je repars avec des ailes de coccinelle.

Au Km 37 encore un supporter, en vrai cette fois-ci, que c'est bon d'être acclamé par
son vrai nom;-) (quoique j'avais marqué Pixie sur mon T-shirt)

Maintenant il ne me reste plus que 5 malheureux petits kilomètres, je ne vais pas lâcher,
je vais juste repenser aux encouragements si jamais ça ne va pas.

Le ballon 4h a filé devant moi depuis bien longtemps....ça m'a fait peur mais j'ai mon
chrono : je suis dans les temps, tant pis pour lui qui est trop rapide  !
Je calcule le temps qu'il me reste...si je continue comme ça, c'est bon, j'ai une bonne
minute d'avance.
Au km 38 je revois le ballon juste devant moi, je suis toute contente mais: horreur :
 c'est le deuxième ballon 4h qui vient de me dépasser ...oups....le premier est loin devant

Au km 40 des pompiers arrosent la chaussée...euh, il ne fait pas si chaud que ça.
Je coupe la voie pour ne pas me faire arroser et passe à 2 cm du 3 ème ballon 4h qui se
promène tout seul ! Décidément, je me fais poursuivre , ou pire, précéder. 3 ballons 4 h
devant moi, et moi qui dois faire moins de 4 h !!!! Qu'ils aillent au diable !

Peu importe, je vois que mon chrono est bon, à part un malheur, rien ne peut m'arriver.

Je passe le dernier virage : la Porte de Brandebourg est devant moi.

C'est là que je suis contente d'avoir fait les repérages le jour d'avant. On s'était
promenés sur les 3 derniers kilomètres, et je n'ai pas regretté !
Car l'arrivée est encore loin !
Allez, on y va. Passage sous la porte de Brandebourg, puis encore 500m.

Gradins à droite et à gauche,je commence mon sprint final, je dépasse un monde fou,
je cours à au moins 20km/h (après, mon sprint incroyable relèvera 55 secondes pour
200m, hi hi hi, mais je vous assure que j'étais la plus rapide !)
ARRIVEE, j'y suis !!!!
J'arrête le chrono, 3h58. C'est bon. J AI REUSSI !

Pour l'instant j'ai pu tirer des enseignements de chacun des trois marathons
que j'ai fait :
Pour le premier : c'est que j'y arrive.
Pour le deuxième : de me ravitailler en eau et uniquement en eau à chaque ravito
( en dehors de quelques sucres ou gels)
Pour celui-ci:
Aller reconnaître les derniers kilomètres avant le finish. Ca m'a évité de me croire arrivé
alors qu'il restait du chemin à faire.
La deuxième, et bien, c'est de se fier au chrono et au chrono uniquement.
C'est ça qui compte in fine....

3h58 et des secondes....

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